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“Guignes Guiffrey de Boutières, lieutenant-général pour le roi, en Piémont, ayant été remplacé dans son commandement par le comte d'Enghien (François de Bourbon), avait cédé à une noble susceptibilité, et s’était retiré dans son château du Touvet. Mais ayant appris que l'armée se dispose à livrer bataille, il oublie l’injustice de la cour pour ne plus songer qu'au bien de l'état et au service du roi, et court offrir son épée, lui vieux général, à un jeune homme de vingt-trois ans, demandant à commander sa compagnie de cinquante hommes, dans la même armée dont il était le chef quelques mois auparavant. Le comte d'Enghien, touché de cette belle et généreuse conduite, conserva seulement le commandement d'une partie de la cavalerie qui appuyait l'aile droite de l'armée et força de Boutières d'accepter celui de l'autre partie de cette cavalerie. Cette noble action du prince lui fut bien profitable, car lorsque croyant la bataille perdue, il se jetait au pus fort de la mêlée pour y trouver une mort glorieuse, une charge habilement faite par de Boutières avec ses gens d'armes, culbuta les lansquenets allemands, en face desquels était le prince, et donna ainsi la victoire au comte d'Enghien, qui n'avait plus autour de lui qu'une centaine de chevaux. Aussi le comte d'Enghien disait-il, après la bataille, que c'était au brave de Boutières que revenait réellement l'honneur de la journée. Chorrier, Histoire du Dauphiné.
[Inscription manuscrite : 800]
1847
Boulogne-sur-Mer
Musée