Peinture
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«Nous vous annonçons, écrivait Louis IX à Mathieu, abbé de Saint-Denis, l’un des régents du royaume, qu’après avoir pourvu à tout ce qui est nécessaire, nous avons, avec le secours de Dieu, emporté d’assaut une ville qu’on appelle Carthage, où plusieurs Sarrasins ont été passés au fil de l’épée.» Cette lettre était écrite le 25 juillet 1270, et un mois après saint Louis était sur lit de mort. En effet, à peine les Croisés furent sous les murs de Tunis, que la peste commença à exercer parmi eux ses ravages, et le saint roi, dès longtemps affaibli par les fatigues et austérités de sa vie, ne tarda pas à être atteint du mal qui ravageait son armée. La maladie faisant des progrès, dit M. de Châteaubriand, Louis demanda l’extrême-onction. Il répondit aux prières des agonisants avec une voix aussi ferme que s'il eût donné des ordres sur un champ de bataille. Il se mit à genoux au pied de son lit pour recevoir le saint viatique…. Sa charité s'étendit alors à tous les hommes : il pria pour les infidèles, qui firent à la fois la gloire et le malheur de sa vie ; il invoqua les saints patrons de la France, de cette France si chère à son âme royale. Le lundi matin, 25 août, sentant que son heure approchoit, il se fit coucher sur un lit de cendres, où il demeura étendu, les bras croisés sur la poitrine et les yeux levés vers le ciel. On n'a vu qu'une fois, et l'on ne verra jamais un pareil spectacle : la flotte du roi de Sicile se montroit à l'horizon ; la campagne et les collines étoient couvertes de l'armée des Maures. Au milieu des débris de Carthage, le camp des chrétiens offroit l'image de la plus affreuse douleur ; aucun bruit ne s'y faisoit entendre ; les soldats moribonds sortoient des hôpitaux et se traînoient à travers les ruines pour s'approcher de leur roi expirant. Louis étoit entouré de sa famille en larmes, des princes consternés, des princesses défaillantes. Les députés de l'empereur de Constantinople se trouvèrent présents à cette scène... Enfin, vers les trois heures de l'après-midi, le roi, jetant un grand soupir, prononça distinctement ces paroles : «Seigneur, j’entrerai dans votre maison, et je vous adorerai dans votre saint Temple.» Et son âme s’envola dans le saint Temple qu'elle étoit digne d'habiter.»
(Galeries historiques du Palais de Versailles) (M. d. R.)
Versailles, Galeries historiques du Palais
ministère de la Maison du roi, le
Paris, Musée royal des arts [Musée du Louvre], 1844
1844
Paris
Musée royal des arts [Musée du Louvre]