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oeuvre exposée

Fédération des gardes nationales et de l'armée au Champ-de-Mars, à Paris. (14 juillet 1790.)

Peinture

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« La cour, toujours aveugle, malgré les premières leçons que lui avaient données les événements, continuait à aigrir l'esprit public par ses imprudentes résistances. Bientôt la prise de la Bastille, l'institution de la garde nationale et l'adoption de la cocarde tricolore, les événements des 5 et 6 octobre, qui transportèrent à Paris la résidence du Roi et de l'assemblée, enfin les grands travaux de l’assemblée elle-même, qui portait hardiment la réforme dans chacune des parties de l'ordre social, tout s'unit pour précipiter le cours de la révolution. Elle était pure et glorieuse encore : à peine quelques excès étaient venus se mêler aux grandes choses qu'elle avait faites ; mais déjà, au dedans comme au dehors, des ennemis commençaient à la menacer. C'est alors que la municipalité de Paris dit M. Thiers : «proposa une fédération générale de toute la France, qui serait célébrée le 14 juillet, au milieu de la capitale, par les députés de toutes les gardes nationales et de tous les Corps de l'armée.» L'assemblée nationale ayant accueilli cette proposition, et le roi ayant sanctionné son décret, les députes fédérés arrivèrent de toutes parts à Paris, formant une réunion d'environ cent trente mille hommes. Dès l'aube du jour fixé, cette grande armée fédérale était en bataille sur les boulevarts, formée par départements et par districts, chaque département portant sa bannière. Les bataillons de chaque département étaient classés en légion départementale, et placés dans la ligne en son ordre alphabétique ; en sorte que le département de l'Ain étant à la droite, près de la Madeleine, et le département de l'Yonne à la gauche sur la place de la Bastille ; l'armée de ligne était au centre. Tous ces députés, le sabre à la main, se mirent en marche au signal donné, et au milieu des acclamations générales, en se dirigeant sur le Champ-de-Mars. L'assemblée nationale constituante, réunie dans le jardin des Tuileries, sortit par le Pont-Tournant, et s'interposa au milieu de la colonne sur la place Louis XV. Un pont temporaire, construit sur l’emplacement actuel du pont d'Iéna, servit au passage de cette imposante armée qui se déploya dans le Champ-de-Mars, pendant que l'assemblée se rendait sur les gradins qui avaient été érigés devant l'Ecole-Militaire et où le roi s'était rendu de son côté. Assis sur son trône, au centre de cette solennelle réunion, il avait à sa droite le président (marquis de Bonnay), pour lequel un fauteuil de moindre dimension avait été préparé, mais qui se tint respectueusement debout pendant toute la cérémonie. Un balcon élevé derrière le roi portait la reine et la cour. Les ministres étaient à quelque distance du roi, et les députés rangés des deux côtés. Quatre cent mille spectateurs chargeaient les amphithéâtres latéraux ; soixante mille fédérés armés faisaient leurs évolutions dans le champ intermédiaire ; et au centre s'élevait sur une base, de vingt-cinq pieds, le magnifique autel de la Patrie. Trois cents prêtres, revêtus d'aubes blanches et d'écharpes tricolores, en couvraient les marches et devaient, servir la messe. Enfin, la cérémonie commence ; le ciel, par un hasard heureux, se découvre et éclaire de son éclat cette scène solennelle. L'évêque d'Autun (Charles-Maurice de Talleyrand) commence la messe ; les choeurs accompagnent la voix du pontife ; le canon y mêle ses bruits solennels. Le saint sacrifice achevé, Lafayette descend de cheval, monte les marches du trône, et vient recevoir les ordres du roi, qui lui confie la formule du serment. Lafayette la porte à l'autel, et, dans ce moment, toutes les bannières s'agitent, tous les sabres étincellent. Le général, l'armée, le président, les députés, crient : Je le jure ! Le roi debout, la main étendue vers l'autel, dit : Moi, roi des Français, je jure d'employer le pouvoir que m’a délégué l'acte constitutionnel de l’Etat, à maintenir la constitution décrétée par l'assemblée nationale et acceptée par moi.»

(Galeries historiques du Palais de Versailles.)

Versailles, Galeries historiques du Palais

Exposant reprenant la graphie du livret

Couder (Auguste)

artiste

Couder, Auguste

Paris, Musée royal des arts [Musée du Louvre], 1844

1844

Paris

Musée royal des arts [Musée du Louvre]

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