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oeuvre exposée

D'Espineville, de Harfleur, brûle une flotte hollandaise de vingt-deux vaisseaux sur les côtes d'Angleterre (août 1555)

Peinture - Tableaux

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" Au milieu de cette guerre, dont les succès étaient depuis trois ans aussi incertains, un trait d'audace qui fit l'admiration de tous les gens de mer de la France et de l'Europe, vint porter un rude coup au commerce si prospère des Pays-Bas ; c'était en l’année 1555. La gouvernante des Pays-Bas (1), au mépris du droit des gens, venait de saisir et de confisquer à son profit, tous les navires français trafiquant dans les ports de la Flandre. Il fallait tirer prompte vengeance de cet affront. Henri Il donna l'ordre à Coligny son amiral, de mettre une flotte en mer. Malheureusement, les ports étaient vides ; la France n'avait de vaisseaux que sur les chantiers. "Je ne connais, dit l'amiral, que les bourgeois et les marchands de Dieppe qui puissent fournir une flotte à votre majesté. " Il fallut donc avoir recours aux Dieppois. Ceux-ci, fiers de cet honneur, répondirent qu'ils ne demandaient au roi que la moitié des frais de l'armement, faisant du reste leur affaire. La seule condition qu'ils mettaient à leur offre, c'était que les capitaines de vaisseaux seraient tous enfants de la ville, afin que, s'il y avait de l'honneur à conquérir, il ne revint qu'à eux. Les choses ainsi conclues, dix-neuf navires ou plutôt dix-neuf bateaux pécheurs, dont les plus forts n'étaient que de cent-vingt tonneaux, furent équipés et armés en guerre. On conserve à Dieppe le nom de ces illustres bateaux-pêcheurs, c'étaient : le Saint-Nicolas, l’Emerillon, le Faucon, l’Ange, la Barbe, la Lévrière, la Palme, le Soleil, le Saint-Jean, l'Once, la Belette la Comtesse, la Gentille, le Petit-Coq, le Petit-Dragon, le Redoute, le Riars et deux petites goëlettes ou barques dont on ne dit pas les noms. Les capitaines élurent pour chef de cette petite escadre Louis de Bures, sieur d'Espineville, qui montait le Saint-Nicolas. Coligny lui envoya une commission signée du roi, en le remerciant, au nom de sa majesté, de ce que lui et les siens entreprenaient pour l'honneur du royaume. Le 5 août 1555, la flotille sort du port par une belle matinée et va mouiller sur une ligne au milieu de la Manche, en vue de Douvres et de Boulogne, attendant qu'il vint, à passer quelques vaisseaux sous pavillon de Flandre. Le 11 août, au point du jour, vingt-quatre grandes voiles furent signalées au sud-ouest : c'était une flotte flamande, toute composée de hourques, espèces de grands vaisseaux élevés et forts longs, bien armés de canons et du port de quatre à cinq cents tonneaux. Ces vingt quatre navires arrivaient d'Espagne, chargés d'épices et de marchandises pour les Pays-Bas. Se reposant sur la force et le nombre de ses embarcations, l'ennemi s'avançait à pleines voiles, sans daigner donner la moindre attention aux barques qu'il apercevait devant lui. Cependant les Dieppois jugeant que c'était jouer gros jeu, mais ne voulant à aucun prix gagner le large, s'étaient déjà rangés en bataille. Aidés par la marée et cinglant avec adresse, ils se trouvèrent tout-à-coup et comme à l'improviste au milieu de l'escadre ennemie. Les Flamands, lourds de leur naturel et rendus plus pesans par la confiance en leurs forces, avaient à peine eu le temps de lâcher une bordée de leur formidable artillerie, que déjà le harpon était lancé sur leurs navires. Les Dieppois, la hache et la pique à la main, s'élançaient à l'abordage ; ce n'était, déjà plus un combat, c'était un assaut. Les Flamands, quittant leurs canons, se défendirent, en gens de coeur, à coups d'arquebuse, de grenades et de lance. La mêlée devint furieuse, et le brave chef des Dieppois, le capitaine d'Espineville, fut blessé mortellement. On se battait avec tant de rage, que personne ne s'en aperçut ; mais tout-à-coup des torrents de flammes et de fumée s'élèvent d'une des hourques, et au même instant, la Palme, montée par le capitaine dieppois Beaucousin, paraît aussi toute en feu. Beaucousin, sur le point d'être accablé, avait fait jeter sur cette hourque, qu'il tenait harponnée, des lances à feu et des matières combustibles ; mais n'ayant pu se dégager assez vite, son propre vaisseau avait été atteint par les flammes. Aussitôt tout change de face ; il ne s'agit plus de se battre, mais d'éviter l'incendie, de s'isoler de ces deux malheureux navires enflammés. Dans cette horrible confusion, trois vaisseaux dieppois sont écrasés entre deux hourques énormes, et coulés bas, corps et biens. Par bonheur, les autres parviennent à se dégager et à gagner le haut du vent. Les Flamands, au contraire, moins alertes à la manoeuvre, ne peinent manier leurs gros et lourds bâtiments ; on en voit jusqu'à douze s'engloutir à demi-consumés dans les flots. Ceux qui s'échappent sont assaillis par les Dieppois, qui leur font la chasse, les entourent, les attaquent de nouveau à l'abordage, et finissent par s'en emparer. Le lendemain 12 août, dès le matin, la flotille, veuve de son capitaine et réduite à quatorze ou quinze voiles, mais victorieuse, et traînant à la remorque six de ces grandes hourde flamandes chargées de poivre, d'alun, de riches denrées, rentra dans son port de Dieppe, en présence de toute la population répandue sur le rivage, au bruit des cloches et de toute l'artillerie des remparts." (Galeries historiques du Palais de Versailles) (1) Marie d'Autriche, soeur de Charles Quint

(M. d. R.)

ministère de la Maison du roi, le

Exposant reprenant la graphie du livret

Gudin (Théodore)

au château Beaujon, faubourg du Roule

Paris, Musée royal des arts [Musée du Louvre], 1847

1847

Paris

Musée royal des arts [Musée du Louvre]

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