Peinture
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Les Espagnols avaient repris Dunkerque en 1651 durant les troubles de la France ; mais les succès des dernières campagnes avaient mis les Français en état de leur enlever une seconde fois cette place. Le maréchal de Turenne l'investit vers la fin du mois de mai. Il y avait déjà huit jours que la tranchée était ouverte, lorsque l'armée espagnole, sous les ordres de don Juan d'Autriche et du prince de Condé, et forte de plus de vingt mille hommes, arriva devant la place pour entreprendre d'en faire le siège. Elle établit son camp sur les dunes, à trois quarts de lieue de l'armée française. Le cardinal Mazarin, qui était alors à Calais, manda au vicomte de Tarenne que "si l'ennemi approchait, il avait quelque chose de meilleur que de l'attendre dans les lignes ". L'armée commandée par le vicomte de Turenne se montait seulement à 13 mille hommes ; il résolut de prévenir l'ennemi avant qu'il eût réuni tous ses moyens d'attaque, et commença d'abord par assurer les postes de la tranchée pour se mettre à couvert des sorties de la place. Le 14 juin, à la pointe du jour, il rangea son armée en bataille, et laissant à peine aux Espagnols le temps de se reconnaître, il les chargea subitement et si à propos, que le marquis de Castelnau,qui était à la gauche de l'armée française, mit en déroute dès la première charge l'aile droite commandée par don Juan d'Autriche, sans qu'il fût possible de la rallier. Le vicomte de Turenne se tint presque constamment au centre derrière la première ligne d'infanterie, d'où il pouvait voir tout ce qui se passait dans les dunes. Ayant appris que l'aile droite, attaquée par le prince de Condé, était en danger, il se porta aussitôt de ce côté, suivi de La Berge, maréchal de bataille, qui fut tué dans le trajet. Le vicomte de Turenne rallia les troupes, et les Français animés par la présence de leur général, étant revenus à la charge, la victoire fut bientôt décidée. Le prince de Condé eut son cheval tué sous lui, et pensa être pris dans cette charge. Le comte de Bouteville fut fait prisonnier. Les Espagnols eurent 3,000 hommes de tués dans cette occasion ; un grand nombre se noya en voulant se sauver, et on leur fit 3,000 prisonniers. (Lamenardière, Relation du siège de Dunkerque en 1658)
(M. d. R.)
ministère de la Maison du roi, le
Paris, Musée royal des arts [Musée du Louvre], 1837
1837
Paris
Musée royal des arts [Musée du Louvre]